Le reportage radio n'est pas fait pour être "lu"
mais pour être "entendu". Le journaliste radio n'est donc
pas censé "écrire" son reportage mais le "dire".
Comme il doit préparer l'information qu'il veut communiquer et qu'il
dispose d'un temps limité pour raconter, en ondes, son histoire, il
doit mettre ses paroles par écrit. Et c'est là que les difficultés commencent.
Il n'est pas facile, pour les lettrés que nous sommes,
de nous retenir de faire de la littérature lorsque nous avons un crayon
entre les mains. Nous sommes conscients d'être entendus par un grand
nombre de gens. Le réflexe naturel est de surveiller son langage et
de vouloir faire bonne impression. On le fait, comme dans la presse
écrite, avec de longues phrases bien construites et un vocabulaire savant.
Au niveau de la technique d'écriture en radio, c'est une erreur largement
répandue dont l'effet est tout-à-fait contre-productif :
l'auditeur n'a pas l'impression qu'on lui parle mais qu'on lui lit un
texte et il décroche facilement.
Il n'y a rien de plus simple que d'écrire des phrases
compliquées avec un vocabulaire savant. Tous les journalistes en sont
capables. La véritable marque d'un reporter radio se trouve plus
dans le contenu de ses reportages, dans la manière dont il utilise les
sons pour créer des ambiances et dans la façon dont il joue avec sa
voix que dans la structure de ses phrases et le vocabulaire employé.
En d'autres termes, les journalistes dont la présence est la plus forte
en ondes sont ceux dont le style radiophonique correspond assez bien
à leur style naturel...