L'état d'esprit de l'interviewé
Tout le monde n'a pas l'habitude de répondre aux questions
d'un journaliste. On peut être intimidé par un étranger qui débarque
au village et qui enregistre nos paroles dans sa machine pour en faire
on ne sait quoi. Le micro et le magnétophone peuvent sembler menaçants.
Pour aider les gens à se détendre, il n'y a pas de
miracle : il faut se mettre à leur place, bien se présenter, expliquer
ce que l'on fait et l'usage qui sera fait de l'information. Au besoin,
vous pourrez aussi faire réécouter une partie de l'interview à l'interviewé.
Il faut, bien entendu, utiliser un niveau de langue
différent selon qu'on se trouve devant un paysan analphabète, un responsable
d'ONG, un chef de village ou un enfant.
Ce qui peut sembler banal à l'interviewé ne l'est
pas nécessairement. Il faut le lui rappeler. Au besoin, vous pouvez
aussi encourager la personne interviewée par des petits signes de tête
pour lui montrer que ses réponses vous intéressent. Il ne faut pas hésiter
à exprimer les émotions que l'on ressent (si on les ressent réellement)
par rapport à ce que l'on entend (étonnement, amusement, compassion).
L'"objectivité" journalistique n'impose pas d'avoir un visage
de marbre. La personne interviewée s'adresse à un être humain et non
pas à une machine. Par contre, dans certaines situations, il vaut mieux
contrôler ses réactions qui risquent de "diriger" les réponses
de la personne interviewée vers ce que vous aimeriez entendre... Les
enfants, par exemple, peuvent être facilement influençables.