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Le soleil et la guerre - Purificando agua con
luz solar Il pleut sur Beyrouth. Et malgré le temps maussade, le vieil homme est au rendez-vous, rue du Musée. Il visite Beyrouth Est pour la première fois depuis des années. Pourtant, il n'habite qu'à quelques mètres, de l'autre côté de la ligne verte, cette frontière imaginaire qui déchire la ville en deux depuis le début de la guerre. En dépit des risques que comporte son passage à l'est, il avait insisté pour venir nous communiquer les résultats de ses recherches financées en partie par le CRDI. Cet homme se nomme Aftim Acra, chercheur et professeur au Département des sciences de l'environnement de l'université américaine de Beyrouth. Ses travaux pourraient avoir des répercussions considérables sur la santé de plus d'un milliard d'habitants de cette planète, affectés par des maladies transmises par I'eau contaminée (choléra, thyphoïde, hépatite virale, salmonellose, dysenterie et autres). Avec son assistante, Yester Karahagopian, et une équipe d'universitaires libanais, il a mis au point un système de désinfection de l'eau simple et peu coûteux qui utilise une des ressources naturelles les plus abondantes dans les pays en développement : le soleil. Ses recherches, entreprises en juin 1979, ont permis de démontrer que les rayons solaires, en particulier les ultra-violets, peuvent détruire de manière très efficace les micro-organismes présents dans l'eau. Le principe est d'une simplicité désarmante : exposée directement au soleil, I'eau contenue dans de petits récipients de plastique ou de verre transparent est libérée des bactéries pathogènes en quelques heures, devenant parfaitement saine pour la consommation humaine. Selon le docteur Acra, "C'est si simple et évident que bien des gens ne veulent pas nous croire, jusqu'à ce qu'ils en fassent eux-mêmes l'expérience!" Les tests effectués jusqu'à présent indiquent que l'efficacité de cette technique dépend de plusieurs facteurs. L'eau doit être irradiée en petits volumes, dans des contenants transparents de un à trois litres. Ceux-ci doivent être exposés directement au soleil, durant les heures de grande luminusoité, pour une période variant entre 95 et 300 minutes. Les meilleurs résultats sont obtenus avec une eau claire, contenant peu de matières en suspension, et dont la densité bactérienne n'est pas excessive. Le professeur Acra admet que son procédé de désinfection solaire comporte certaines limites. Celui-ci est inefficace pour traiter les eaux d'égoût, la saison des pluies représente un obstacle majeur à son fonctionnement dans les pays tropicaux et certaines bactéries peuvent développer une résistance à l'effet destructeur des ultraviolets. Mais selon lui, cette méthode comporte de grands avantages sur les techniques courantes. Le chlore et l'iode sont difficiles à manipuler, coûtent cher, doivent être importés et donnent un mauvais goût à l'eau. Bouillir l'eau est souvent une tâche presque impossible dans des régions où le bois est rare et où sa cueillette implique beaucoup de temps et de labeur. En comparaison, l'énergie solaire est gratuite, abondante, renouvelable et fait le travail sans intervention humaine. Il n'est pas étonnant que les recherches dans ce domaine aient été entreprises au Liban. Depuis le début de la guerre, un grand nombre de patients sont admis régulièrement dans les hôpitaux pour des maladies reliées à la consommation d'eau contaminée. Les 120 usines de traitement des eaux ont été lourdement endommagées ou détruites par les bombardements. Les employés les ont désertées, les équipements ont été volés ou la rouille a fait son effet. A Beyrouth, où l'eau est rationnée, une seule usine dessert plus d'un million d'habitants. Elle n'est pas entretenue, ses instruments de mesure ne fonctionnent pas et l'eau qui en provient dégage une forte odeur de chlore. Du 15 au17 août, à l'invitation du CRDI et de L'Institut Brace de L'Université McGill, une douzaine de chercheurs de l'Algérie, de la Colombie, de l'Égypte, de l'Inde, du Pérou et de la Thaïlande se sont réunis à Ste-Anne-de-Bellevue, au Québec, pour comparer les résultats de leurs recherches inspirées en grande partie par les travaux du professeur Acra. Déjà, cette technique de purification de l'eau a été testée avec succès à Poona, en Inde, pour prévenir notamment la transmission du choléra. La Croix-Rouge Internationale a atteint les mêmes conclusions positives dans des expériences effectuées dans la République arabe du Yémen. Le docteur Arafa, principal chercheur responsable du projet de désinfection solaire de l'eau en Égypte, a travaillé en étroite collaboration avec Aftim Acra. L'eau puisée à même les sources, pour la plupart contaminées, d'un petit village au nord-est du Caire, a été évaluée en laboratoire. Trois heures ont été suffisantes pour éliminer la plupart des bactéries qu'elle contenait. Le docteur Arafa travaille aussi, comme le professeur Acra, à la mise au point d'un système fixe qui permette de traiter l'eau en continu. Un tel système doit être d'installation facile et utiliser des matériaux simples et abordables. Environ 75 pour cent des populations rurales des pays en développement n'ont pas accès à des sources d'eau potable alors que 80 pour cent des maladies sont transmises par l'eau selon l'Organisation mondiale de la santé. Pour combattre ce fléau, on devine aisément l'immense impact que peuvent avoir les expériences effectuées au Liban. Révolutionnaire ou non, la perspective d'utiliser l'énergie solaire pour purifier l'eau, revêt une importance capitale dans les pays en développement. Robert Bourgoing |
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