Il vous fera sans doute plaisir de relire une page écrite par Monsieur
l'abbé Georges Tremblay, ancien curé de Tadoussac, sur votre village natal.
« Perché sur une pente, où gisent des dépôts des Laurentides d'âge
primaire, caché dans les sapins et les bouleaux, se découvre l'attrayant
petit village de Tadoussac. Le sol composite sur lequel il repose remonte
à l'époque glaciaire alors qu'un bras de la mer ou du fleuve s'étendait
jusqu'aux montagnes. Le sédiment demeuré après le retrait des eaux,
les poussières de rochers et les décompositions végétales, charriées
par le vent et les torrents, ont fourni les éléments principaux de ce
sol.
Le village est entouré d'une enceinte formée de rochers, de dunes de
sable et de monts de granit.
C'est une engageante place d'eau et une belle retraite champêtre dont
le charme vous fascine et dont l'histoire primitive attire l'attention
et le respect.
Ce bourg ancien et enchanteur, abritant une population de 700 âmes,
domine la "Baie de Tadoussac". D'un regard d'ensemble, on
y embrasse la "Baie" elle-même, depuis la "Pointe-Rouge"
Jusqu'à la Pointe de l'Islet"; et l'embouchure du Saguenay entre
la "Pointe de l'Islet" au nord et la "Pointe Noire",
dite aussi "Pointe du Saguenay", au sud.
Tadoussac possède de nombreuses et jolies villas; et, pendant l'été,
les chercheurs de repos et de santé, de même que les simples touristes,
y abondent.
Ici, à 300 milles de l'océan, à 120 milles de Québec, le Saint-Laurent
présente encore 21 milles de largeur. Cependant, par un matin sans nuage,
les collines de la rive Sud se dessinent nettement, et forment de larges
estempes dans une atmosphère bleu foncé. On aperçoit distinctement les
maisons blanches de Cacouna; au moyen d'une lorgnette, on découvre,
à la Rivière-du-Loup, l'Hôpital du Précieux-Sang et l'église Saint-Patrice,
dont le toit métallique reflète l'éclat du glorieux soleil canadien.
La clarté et la pureté de l'air de Tadoussac symbolisent la pureté
et la simplicité anciennes d'un peuple distingué par sa courtoisie et
son affabilité.
Il n'y a pas écrit Edmond Roy, de population plus hospitalière, plus
affable, plus courtoise que celle de Tadoussac. On y vit honnêtement
et l'on se contente de peu. C'est un endroit où les lois de la vie sont
sacrées, un lieu où les plus riches sont pauvres, et où les plus pauvres
vivent dans l'abondance.
La brise qui entre du Saint-Laurent, arrive chargée des propriétés
vivifiantes du salin de la mer, avec un soupçon d'iode. Lorsque le vent
descend des montagnes, il apporte le parfum des fleurs sauvages et les
arômes de la forêt des Laurentides dont les cimes se perdent dans les
brouillards.
Ceux qui sont en quête d'air pur et de ciel clair, aussi bien que le
chercheur de l'histoire et le géologue, trouvent ici de quoi jouir et
s'intéresser. »