PHIPPS REPOUSSÉ À LA RIVIÈRE-OUELLE EN 1690 PAR UN DE VOS ANCÊTRES AVANT
DE L'ÊTRE AU QUÉBEC
L'échec de Phipps à Québec en 1690 et les fières paroles de Frontenac
en cette occasion :
« C'est par la bouche de mes canons que je répondrai à votre maître. »
Voilà qui est familier à tous les Canadiens-Français. Cet épisode historique
a frappé notre jeune imagination sur les bancs de l'école, et nous ne
l'avons jamais oublié. Mais il est un préliminaire de cet événement qui
est moins connu du grand public, et qu'il importe de mettre en relief
dans le présent volume, parce que votre ancêtre Pierre Hudon en fut avec
d'autres le héros.
Les Bostonnais tentaient d'envahir le Canada par le golfe. Le curé de
la Rivière-Ouelle, ayant appris qu'une flotte considérable de vaisseaux
américains remontait le fleuve, dans le dessein de s'emparer de la colonie,
assembla ses paroissiens et les exhorta à s'opposer de toutes leurs forces
au débarquement que les Bostonnais pouvaient tenter de faire à la Rivière-Ouelle.
M. de la Bouteillerie était alors à Québec, et les habitants demandèrent
à leur curé de les conduire lui-même au combat si l'occasion s'en présentait.
M. de Francheville accepta sans se faire prier.
Bientôt la flotte vint jeter l'ancre en face de la Pointe. On vit plusieurs
chaloupes se détacher des vaisseaux et faire force de rames vers le rivage.
Ce fut alors que les habitants de la paroisse, sous la conduite de leur
curé, vinrent s'embusquer sur la lisière de la forêt, à l'abri des crans
du rivage. Là, ils attendirent en silence l'arrivée des chaloupes qui
approchaient rapidement. Comme la marée était haute, les embarcations
chargées de soldats purent atterrir au bord des crans, à une faible portée
des fusils.
L'ordre de sauter à terre est donné et le débarquement commence à s'effectuer,
sans qu'on ait soupçon du voisinage des tirailleurs canadiens. Dans ce
moment de confusion qui accompagne toujours plus ou moins un débarquement,
pendant que les soldats prennent leurs armes, un cri de : « FIDI »
retentit. soudain à l'entrée du bois, c'était le commandement de l'abbé
de Francheville. Au même instant, plusieurs détonations éclatèrent et
une grêle de balles vint fondre sur les malheureux Bostonnais. La panique
fut générale. Ceux qui n'avaient pas été atteints par les balles regagnèrent
précipitamment leurs chaloupes et les vaisseaux, sans entendre la voix
des officiers qui essayaient de les ramener au combat. Cette défaite était
le prélude du désastre qui attendait Phipps devant Québec.
L'abbé Casgrain, dans son histoire de « Une Paroisse Canadienne
(Rivière-Ouelle) au XVIIe siècle », nous donne les noms des
braves patriotes qui se battirent sous le commandement de l'abbé de Francheville
en 1690. Ce sont :
« François et Joseph Deschamps, fils de M. de la Bouteillerie;
Robert Lévesque, Pierre Hudon, Charles Miville, Jean Miville, Galleran
Boucher et ses deux garçons, Pierre et Philippe; Michel Bouchard et
ses trois fils, Etienne, François et Pierre; Pierre Dancosse, Joseph
Renault et son fils Joseph; Guillaume Lissot et son fils Claude; René
Ouellet et quatre de ses enfants, Abraham, Mathurin-René, Grégoire et
Joseph; Jean Pelletier, Jean Lebel et son garçon, Jean-Baptiste; Pierre
Emond, Mathurin Dubé, Jean Mignot dit Labrie, Noël Pelletier, Jean Gauvin
et son fils Jean; Pierre de Saint-Pierre, Nicolas Durant et son fils,
Nicolas; François Autin, Sébastien Boivin et Jean de Lavoye. »
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